La situation sécuritaire du pays à la date de prise de pouvoir par « le fer» le 30 septembre 2022 n’inspirait guère à l’optimisme. A la faveur de la tradition médiatique des 100 jours de pouvoir, nous revisitons les actions marquantes sous l’ère de la Transition rectifiée. Entre menace de déstabilisation, reconquête du territoire, affirmation d’une diplomatie souveraine, la marche de la Transition au Burkina, sous la houlette du Capitaine Ibrahim Traoré, poursuit son chemin avec l’espoir d’un retour à une vie constitutionnelle normale, à l’horizon de juillet 2024.
Mais avant, la reconquête du territoire national, dont 40% échappe aux autorités, demeure la priorité des priorités. N’est-elle pas d’ailleurs la principale raison avancée pour justifier le coup d’Etat du 30 septembre 2022 ? Dès le 02 octobre, 72h après le coup de force, le Capitaine Traoré, au cours de la rencontre avec les secrétaires généraux des départements ministériels, annonçait la réquisition de pickups en panne dans les ministères pour les injecter dans la lutte antiterroriste. Cette première annonce forte, sera suivie plus tard par une réorganisation au sein de l’Armée. On retient entre autre, le rattachement désormais du Commandement des opérations du théâtre national (COTN), au Chef d’Etat-major général des Armées, l’augmentation à six régions militaires au lieu de trois auparavant, la création de six légions de gendarmerie à la place des régions de gendarmerie qui étaient également limités à trois. Il y a surtout la création d’une deuxième région aérienne basée à Bobo- Dioulasso, en plus de celle de Ouagadougou. Il faut ajouter à cela, la création de brigades d’intervention rapide et au niveau de la gendarmerie, la création d’une Légion spéciale. Toutes ces innovations ont un dénominateur commun : un meilleur maillage du territoire national pour plus d’efficacité dans la lutte antiterroriste. Toujours sur le plan opérationnel de la lutte contre le terrorisme, il a été annoncé le recrutement de 50 000 Volontaires civils pour la défense de la Patrie (VDP), pour venir en soutien à l’Armée dans sa lutte. Mais l’engouement des populations a été tel que l’on a enregistré 90.000 personnes. Sur le plan de l’effort de guerre, des actes forts ont été enregistrés. Et l’exemple est venu d’en haut. Le Capitaine Ibrahim Traoré a volontairement renoncé au salaire de chef d’Etat pour ne se contenter de son revenu de Capitaine des Forces armées. Et les membres du gouvernement, qui ont vu déjà leurs émoluments revus à la baisse, du fait de l’application du décret de 2008, ont cédé la moitié de leur salaire du mois de novembre pour soutenir cet effort de guerre. Dans la même dynamique, il a été demandé aux travailleurs des secteurs publics et privés de céder 1% de leur revenu mensuel ; pour soutenir la lutte antiterroriste. Mais faute de consensus sur cette question, la cession volontaire est désormais encouragée et non obligatoire. Les ministres du gouvernement de la Transition cèderont eux 5% de leur salaire, tout ceci, dans le cadre d’un Fonds de soutien patriotique. Pendant que la réorganisation de l’Armée se poursuit, et que les 50000 VDP ont entamé la phase de formation, des succès militaires ont été enregistrés dans différentes localités, même si attaques sont toujours enregistrées. Des centaines de terroristes et leurs complices ont été neutralisés et leurs bases détruites dans différentes localités. La Ville de Solenzo, dans la Boucle du Mouhoun, jadis entre les mains des groupes armée terroristes (GAT), a été reprise par les Forces de défense et de sécurité, à travers l’opération Félého. Et pour la symbolique, le président de la Transition, en chef de guerre s’est rendu dans cette ville reconquise, par la route, malgré le danger lié aux engins explosifs et où il a adressé aux burkinabè, son message du nouvel an. La reprise de la ville de Falagountou des mains des GAT, dans le Sahel, le 13 janvier, s’inscrit également dans une victoire d’étape. Sur le plan international, le Capitaine Ibrahim Traoré a effectué une visite au Mali dans le cadre du renforcement et de la mutualisation des efforts de la lutte antiterroriste, les deux pays étant durement frappés par le phénomène et partageant en commun 1400kms de frontière. Dans la même veine, le premier ministre Me Kyelem de Tambela s’est rendu en Russie via Bamako, dans le cadre d’une visite privée et dans l’optique d’obtenir des partenaires russes, des équipements militaires. Toujours sur le plan diplomatique, des faits ont véritablement marqué l’opinion. Sur fond d’accusation du président du Ghana, arguant que le Burkina a recruté la société privée russe, Wagner et lui a cédé une mine d’or, les autorités burkinabè ont vigoureusement protesté contre Accra. Elles ont convoqué l’ambassadeur du Ghana en poste à ouaga et rappelé son homologue du burkina à Accra, le général Zagré pour consultation. Pour dissiper les tensions , la partie ghanéenne s’est vue obligée d’envoyer une délégation dans la capitale burkinabè, pour notifier son erreur et demander pardon.
Une diplomatie plus souveraine !
Quelques jours plus tard, c’est autour de la Coordinatrice du système des Nations Unies, Barbara Manzi, d’être déclarée par les autorités burkinabè, personna non gratta et expulsée le même jour. Cette dernière, se vantait d’être en contact avec des chefs terroristes évoluant dans le Sahel burkinabè et avait décidé d’un plan d’évacuation du personnel des Nations Unies officiant à Ouagadougou, sans concertions avec les autorités de la Transition et sans l’aval de sa hiérarchie à New-york, convaincue que la capitale burkinabè était la cible d’une attaque imminente. Crise de confiance également avec l’ambassadeur de France au Burkina, Luc Hallade, qui contrairement à la fonctionnaire onusienne, connait un traitement moins sévère. Le 20 décembre une correspondance des autorités burkinabè, est adressée à Paris, demandant le rappel de son représentant à Ouagadougou, qui vraisemblablement, ne joue pas franc jeu avec le Burkina.
Et dans le cadre du respect de sa souveraineté, les hautes autorités ont instruit la ministre des Affaires étrangères du Burkina, d’appliquer à l’égard de la France, le principe de réciprocité dans les traitements des demandes de visas d’entrée au Burkina, pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de services. En cent jours de gouvernance, ces actions servent d’indicateurs qui autorisent à l’optimisme. Pourvu que la cadence de la reconquête du territoire connaisse une dynamique positive, et que la Transition soit épargnée des menaces de déstabilisation, car la survie du Burkina prime sur tout.
Racines
Janvier 2023