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Chronique : Jean Bonin fait des propositions pour la nouvelle gare routière interurbaine d’Abidjan

C’est avec une joie, teintée d’une certaine amertume, que j’ai appris, lors du dernier conseil des ministres, que le projet de la nouvelle gare routière interurbaine d’Abidjan, relancé en 2013, sera de nouveau lancé cette année.

N’ayant aucune visibilité actuellement sur ce dossier, sur lequel j’ai travaillé dans les années 1995, lorsque j’étais conseiller juridique et fiscal du BNETD, je voudrais apporter ma modeste contribution à ceux qui ont repris ce projet afin qu’ils ne commettent pas un certain nombre d’erreurs qui rendraient cette gare inexploitable.

Depuis sa création, à Adjamé Renault, dans les années 60, jusqu’aujourd’hui, se rendre à la gare routière d’Abidjan-Adjamé (et en sortir) demeure un véritable parcours du combattant. L’insalubrité et l’insécurité s’y livrent un épic duel à mort, qu’aucun des deux ne semble en passe de remporter, tant les forces sont égales.

Il est un fait qui, lui, reste constant ; les régimes politiques se suivent et se succèdent mais la plus grande gare routière du pays restent invariablement la même : infréquentable, inaccessible et criminogène, avec une pagaille indescriptible.

Et pourtant des solutions existent pour faire de cette gare un haut lieu d’attraction, de plaisir de voyager, d’échanges et de valorisation de l’image de la Côte d’Ivoire. Concrètement, je propose ce qui suit :

1 – délocaliser l’actuelle gare routière vers l’emplacement de l’ancienne casse auto d’Adjamé, comme vient de l’entériner le gouvernement, a au moins deux avantages :

a) – il jouxte une autoroute, contrairement à l’actuelle gare qui est située dans un vrai cul-de-sac et qui favorise donc les embouteillages. Rentrer et sortir de la gare ne s’en trouveront que plus aisé.

b) – le site de la casse est très grand et divisé en deux parties, traversées par une voie rapide.

Il faut donc affecter l’un des sites au départ et l’autre à l’arrivée, avec une passerelle pour relier confortablement les deux endroits

2 – penser la gare routière comme un aéroport.

Ce qui caractérise un aéroport c’est qu’il y a un parking commun pour tous les avions et un aérogare prévu pour le départ et un autre pour l’arrivée.

a) – le parking

Pour cette gare routière, je suggère qu’il y ait un parking commun. Cela permettra de mutualiser et de rationaliser l’occupation des espaces. Dans une telle configuration, il n’est pas nécessaire que chaque compagnie de transport ait sa “propre” gare, dans la gare.

En effet, c’est cette multitude de gares dans la gare qui crée l’anarchie car il devient impossible de réguler le flux des départs et des arrivées.

b) – la régulation des mouvements.

Il faut des quais départs et des quais arrivées. Les passagers régionaux d’une destination données auront sur les écrans d’affichage de la gare qui leur est affectée, l’heure et le numéro du quai de départ de la compagnie qu’ils ont choisie. 15 mn avant le départ, le car quitte le parking commun et vient se positionner sur l’un des quais régionaux prévu pour son départ. Ex : départ pour Dimbokro sur le quai n*1 à 14h.

Les arrivées à la gare sont organisées de la même façon que les départs. Descente des voyageurs sur un quai donné. Les écrans affichent l’heure des arrivées prévues et ou les retards des cars. Une fois les passagers déposés le car part au parking commun attendre son prochain départ.

c – lieux de culte

C’est le même principe d’unicité de lieu. Une mosquée, une église… pour l’ensemble des voyageurs plutôt que chaque confession religieuse ait son propre lieu de culte par gare.

d) – billetterie

Un seul lieu d’achat pour les billets, qui pourront aussi se faire en ligne. Ainsi, le voyageur pourra réserver d’avance sa place numérotée et même savoir s’il y a encore ou non des places disponibles avant de se rendre à la gare.

C’est un avantage certain pour les services fiscaux qui ainsi peuvent vérifier plus efficacement les recettes réelles des compagnies de transport. Ce qui permet d’accroître les recettes budgétaires de l’État.

d) – les services.

La gare, clôturée, avec une entrée et une sortie principale, sera dotée de banques, de restaurants, d’un commissariat de police, de boutiques, d’hôtels, d’un centre de santé, d’un garage, d’une station d’essence…

d) – le fret pour les bagages.

Les bagages hors gabarit seront enregistrés dans un endroit commun et convoyés par les services du gestionnaire de la gare vers les quais lors des départs.

Bref, si le gouvernement veut se donner les moyens de créer une gare routière moderne à Abidjan, cela est tout à fait possible.

Je peux même mettre à la disposition de la structure qui gérera le projet de la future gare routière, tout un tas d’études, de conventions, de plans de construction de cette infrastructure et d’aménagement de cet espace si nécessaire.

Jean Bonin
Juriste
President de FIER

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